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« Notre devoir est d’alléger le poids financier de la diffusion scientifique »

Dans son supplément « Science & médecine » du 4 septembre, Le Monde faisait référence à une publication dans Nature du 20 août, révélant l’existence d’un marché noir des citations scientifiques : des officines qui, moyennant rétribution, se chargent d’augmenter, dans des articles scientifiques, le nombre de citations d’un auteur de façon frauduleuse. Cela montre à quel point la citation, restant au cœur de l’évaluation, importe à ces chercheurs et est susceptible de conduire à de telles dérives. Mais qu’en est-il de la partie immergée de l’iceberg, notamment des conséquences, généralement moins évoquées, sur le coût de l’ouverture des publications scientifiques ?
Un consensus existe pour reconnaître que l’ouverture, c’est-à-dire l’accès immédiat et gratuit aux résultats de la recherche pour tous les chercheurs et pour le grand public, a très fortement progressé durant les deux dernières décennies. Il concerne désormais environ 80 % des publications. Une excellente évolution !
Toutefois, les éditeurs scientifiques, notamment les quatre majors, – Springer Nature, Elsevier, Wiley et Taylor et Francis – concentrant à eux seuls plus de 50 % des publications, ont su tirer profit de cette ouverture. Celle-ci favorise, en effet, une augmentation de la visibilité des publications ainsi qu’un accroissement du taux de lecture. Et des auteurs qui sont 60 % plus cités, d’après Springer Nature.
De nouvelles revues sont apparues, de type « doré », pour lesquelles les auteurs (ou institutions) paient des frais de traitement des articles (APC pour « article processing charges »). D’autres revues, déjà sous abonnements, sont devenues hybrides, pour lesquelles les auteurs (ou leur institution) doivent désormais s’acquitter du versement d’APC afin de voir leurs articles publiés en accès libre.
Dommage collatéral de cette ouverture, un coût qui ne cesse d’augmenter au cours des années avec des APC à la fois de plus en plus nombreuses et onéreuses. De plus, des contrats entre éditeurs et institutions de recherche conduisent à rendre ces dernières encore plus captives des éditeurs. Des dépenses d’APC peuvent s’élever jusqu’à 10 000 euros hors taxes pour certains journaux.
Des montants astronomiques qui sont très largement supérieurs au coût moyen (estimé à moins de 2 000 euros) pour une publication à comité de lecture – constituée d’experts qui évaluent des articles soumis à la revue. Avec de tels niveaux d’APC chez les majors de l’édition scientifique, pas étonnant de constater des marges opérationnelles allant croissant au fil des ans, dépassant les 33 % par an. On est loin des marges de l’ordre de 10 % pratiquées par nos éditeurs scientifiques nationaux.
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